Pourquoi ai-je choisi de ne pas déposer mes ouvrages de Didactique des Mathématiques en librairie ?

Pourquoi ai-je choisi de ne pas déposer mes ouvrages de Didactique des Mathématiques en librairie ?

Ce choix, mûrement réfléchi, repose sur une série de constats pratiques, éthiques et éditoriaux :

1. Une logistique épuisante et inéquitable

La distribution physique exige des déplacements incessants, souvent vers des villes éloignées, voire inaccessibles. Les villages, pourtant riches en enseignants motivés, restent hors de portée. Ce modèle exclut d’emblée une large part de la communauté pédagogique que je souhaite toucher.

2. Une posture de dépendance peu compatible avec ma démarche

Il faut littéralement supplier les libraires d’accepter les ouvrages, négocier leur visibilité et leur maintien en rayon. Cette dynamique va à l’encontre de l’autonomie éditoriale que je défends.

3. Une visibilité réduite à quelques exemplaires

Même lorsqu’un libraire accepte, il ne propose généralement que deux ou trois exemplaires. Cela limite drastiquement la portée du projet et empêche toute diffusion significative.

4. Une atteinte à l’intégrité de la quadrologie

Certains libraires, par souci de rentabilité, pourraient vendre les tomes séparément. Or, cette quadrologie a été pensée comme un ensemble cohérent, une progression didactique et philosophique indissociable. La dissocier reviendrait à trahir son esprit.

5. Une récupération lente et incertaine des droits d’auteur

Il faut parfois attendre plus de six mois pour espérer récupérer les sommes dues, après un véritable pèlerinage à travers le Maroc. Ce délai est incompatible avec une gestion saine et réactive.

6. Une marge commerciale dissuasive

Les libraires exigent une commission de 30 %. Pour que je puisse percevoir mes 455 dirhams, le prix affiché devrait être de 650 dirhams. À ce tarif, la collection devient tout simplement invendable pour la majorité des enseignants.

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Et du côté de l’édition classique ?

J’attends toujours la signature du contrat avec l’éditeur à qui j’ai soumis mes manuscrits. Mais je reste lucide : le processus risque d’être long. Et une fois éditée, la collection pourrait atteindre un prix prohibitif, du fait des marges successives imposées par l’éditeur, l’imprimeur, le distributeur et le libraire. Une estimation réaliste avoisinerait les 1325 dirhams pour l’ensemble.

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Et Amazon ?

L’option Amazon, souvent présentée comme une solution moderne, s’avère encore plus contraignante :

- Un prix de 200 dollars pour la collection

- Un délai de livraison pouvant dépasser trois mois, même après paiement anticipé

- Une absence totale de lien humain avec les lecteurs

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Conclusion : un choix éditorial assumé

Face à ces constats, j’ai choisi d’imprimer et de diffuser moi-même un nombre restreint d’exemplaires, en ciblant les enseignants les plus engagés, notamment mes anciens stagiaires. Ce circuit court, fondé sur la confiance, la reconnaissance et la motivation, me permet de préserver l’esprit de la quadrologie, d’en garantir l’accessibilité, et de rester fidèle à ma démarche pédagogique et philosophique.

Farid Mita

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